Résumé
Cet article examine les occurrences de l’adresse à « marâtre Nature » chez Du Bellay, Ronsard et Leopardi. La personnification de la nature en mauvaise mère ne répond pas aux mêmes attentes selon qu’elle s’articule à une représentation organique ou qu’elle entre en tension avec une conception mécaniste de la nature. Mais elle esquisse les contours d’un rapport filial conflictuel avec la nature, habité par la perte d’une mère nature, nourricière et attentive à l’homme. Caractère éphémère de la beauté, ruine des empires, éruptions volcaniques, stérilité des terres ou souffrance existentielle : les multiples chefs d’accusation contre la marâtre nature s’articulent autour de la conscience humaine de sa finitude. Qu’elle s’inscrive dans un récit de dénaturation qui cherche les causes de la peine infligée à l’homme ou qu’elle exprime un cri de révolte contre une souffrance injuste, l’apostrophe accusatrice à la nature comme marâtre surgit pour donner une forme et un sens à ce qui échappe à la raison et à la maîtrise de l’homme.
Citer
Louise Dehondt, « La Marâtre indifférente et le poète inconsolable (Du Bellay, Ronsard et Leopardi) », dans Pagaille, n° 1, « Marâtre nature. Quand Gaïa contre-attaque », 2021, p. 17–25. Url : http://revue-pagaille.fr/2021–1‑dehondt/