Barbara Servant, « Du métro au paradis : mettre en lumière des figures de l’ombre. Les Enfants du paradis et Zazie dans le métro » (n° 2 | 2022)

Résumé
Si les espaces aux­quels les titres Les Enfants du par­adis et Zazie dans le métro font référence
appa­rais­sent de prime abord comme opposés, ils ont en com­mun de dessin­er une marge a pri­ori des­tinée à rester dans l’ombre. De fait, les deux films s’intéressent aux class­es pop­u­laires qui peu­plent les rues, men­di­ant aveu­gle, tax­i­man, cor­don­nier. Les deux films font la part belle aux per­son­nages de deux­ième voire de troisième plan, met­tant en scène d’une part la foule et de l’autre des per­son­nages soli­taires, sin­gu­lar­isés inter­venant ponctuelle­ment, qui n’ont pas de fonc­tion pour l’intrigue mais aux­quels sont con­sacrées une ou plusieurs séquences don­nant une dimen­sion poé­tique au film. Néan­moins, si les deux œuvres s’intéressent au petit peu­ple de Paris, la foule des badauds et le pub­lic du par­adis, leurs per­spec­tives ne sont pas sim­i­laires. En 1945, le film de Carné et Prévert a voca­tion à offrir une rédemp­tion col­lec­tive qui réha­bilite cer­taines fig­ures mar­ginales sans pour autant endoss­er un mes­sage poli­tique ; alors qu’en 1960, Louis Malle présente un jeu vir­tu­ose sur la remise en ques­tion du per­son­nage ciné­matographique qui pro­longe les inno­va­tions romanesques de Que­neau. L’article pro­pose donc de con­fron­ter les deux œuvres ciné­matographiques pour com­pren­dre com­ment le traite­ment sin­guli­er des per­son­nages sec­ondaires met en évi­dence plusieurs enjeux à la fois thé­ma­tiques et poé­tiques : com­ment ces deux œuvres s’inscrivent-elles dans un héritage lit­téraire et ciné­matographique en s’intéressant à des per­son­nages de l’ombre, tout en en pro­posant un traite­ment sin­guli­er ? Com­ment dans ces œuvres cer­tains per­son­nages sec­ondaires sont-ils mis en lumière pré­cisé­ment parce qu’ils incar­nent des fig­ures de l’ombre, se dis­tin­guant puis dis­parais­sant dans la foule? Com­ment ces per­son­nages, qui s’avèrent à la fois mar­gin­aux et fasci­nants, invi­tent- ils alors à s’interroger sur le rap­port de l’individu au groupe, sur la ten­sion entre sin­gu­lar­ité et inter­change­abil­ité qui fonde la con­struc­tion de l’identité ?
Citer
Bar­bara Ser­vant, « Du métro au par­adis : met­tre en lumière des fig­ures de l’ombre. Les Enfants du par­adis et Zazie dans le métro », dans Pagaille, n°2, « Les per­son­nages de l’om­bre dans la lit­téra­ture et les arts », 2022, p.127–136. Url : https://revue-pagaille.fr/2022–2‑servant/



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