Agnès Parmentier, « Le cheval martyr, personnage mineur de la seconde moitié du XIXe siècle » (n° 2 | 2022)

Résumé
Le cheval bat­tu est un per­son­nage mineur mais reparais­sant de la sec­onde moitié du XIXe siè­cle. Omniprésent dans tous les domaines, cet ani­mal fai­sait l’objet d’une sur­ex­ploita­tion qui a pu don­ner lieu à de la mal­trai­tance ; or, cette ten­dance entrait en con­tra­dic­tion avec l’évolution des sen­si­bil­ités, de plus en plus récep­tives à la com­pas­sion pour la souf­france. La vio­lence de cette scène était donc à la fois banale à l’époque et perçue comme cru­elle et intolérable. Plusieurs écrivains comme Vic­tor Hugo, Fiodor Dos­toïevs­ki, Guy de Mau­pas­sant, Émile Zola ou encore Joseph Con­rad s’en sont appro­prié le pou­voir d’évocation pathé­tique, moins pour défendre le bien-être ani­mal en tant que tel que pour illus­tr­er la néces­saire élé­va­tion morale de l’homme. Le cheval bat­tu reste un per­son­nage de l’ombre car il n’est jamais un moteur nar­ratif, mais dans la mesure où il polarise divers enjeux moraux, soci­aux et psy­chologiques, il est plus qu’un sim­ple instru­ment. L’esthétisation de la vio­lence per­met de servir des des­seins var­iés, de la trans­po­si­tion fic­tion­nelle d’un sou­venir trau­ma­tique à l’interrogation sur l’origine de la bru­tal­ité humaine, en pas­sant par l’exploration de la fron­tière entre ani­mal­ité et humanité.
Citer
Agnès Par­men­tier, « Le cheval mar­tyr, per­son­nage mineur de la sec­onde moitié du XIXe siè­cle », dans Pagaille, n°2, « Les per­son­nages de l’om­bre dans la lit­téra­ture et les arts », 2022, p.105–117. Url : https://revue-pagaille.fr/2022–2‑parmentier/


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