Résumé
Cette étude, qui s’inscrit dans le champ des animal studies et de la zoopoétique, propose d’étudier les fonctions des personnages animaux discrets, fugitifs, peu caractérisés, qui occupent les marges scénographiques et diégétiques d’Anima de Wajdi Mouawad (2012), Amores perros d’Alejandro González Iñarittu (2000), The Children of Men de P. D. James (1992) et son adaptation cinématographique par Alfonso Cuarón (2006). Relatant des tragédies individuelles et collectives, les œuvres étudiées suivent le récit d’une chasse, d’une traque, d’une fuite face à la brutalité de la condition humaine. Dans ces quatre œuvres, les animaux se caractérisent par leur discrète omniprésence : personnages de l’ombre certes, ils n’en sont pas moins présents continuellement au point d’incarner une sorte de personnage collectif. Littéralement d’abord, ils se tiennent dans l’ombre qu’ils ont pour cachette ou pour habitat ; d’autres se tiennent dans l’ombre de leur maître ; tous se situent à la limite du visible et du caché, et aux marges des quêtes existentielles qui se jouent dans la pleine lumière. Témoins distants ou empathiques des destinées humaines, ces animaux a priori insignifiants individuellement ont le tragique en partage avec les protagonistes humains, et se font les miroirs ou les contrepoints de leurs destinées misérables.
Citer
Perrine Beltran, Camille Delattre et Jeanne Mousnier-Lompré, « Occuper les périphéries narratives : rôles narratologiques et symboliques des animaux témoins dans Anima, The Children of Men et Amores perros », dans Pagaille, n° 2, « Les personnages de l’ombre dans la littérature et les arts », 2022, p. 64–74. Url : http://revue-pagaille.fr/2022-2‑beltranetalii/