Ophélie Perrier, « Voix de bergers, voix de bergères : résonances d’une figure pastorale dans les livrets d’opéra » (n° 2 | 2022)

Résumé
S’il est bien un lieu où les per­son­nages abon­dent et pro­lifèrent, c’est l’opéra. Par­mi les fig­ures mys­térieuses qui jalon­nent les grandes œuvres opéra­tiques depuis le XVI­Ie siè­cle, celle du berg­er sur­prend. À la marge de l’intrigue prin­ci­pale, ces fig­ures sou­vent soli­taires ques­tion­nent, tant sur leur présence effec­tive que sur leurs rôles et leurs actions, par­fois déci­sives, sur le cours de l’action. La fig­ure du berg­er, si elle ren­voie ontologique­ment aux évo­ca­tions de la nature et aux amours cham­pêtres, se con­stitue bien sou­vent comme un dou­ble du mes­sager ou encore comme un avatar du sage. Bien sou­vent réduits à de brèves inter­ven­tions, berg­ers et bergères con­stituent des per­son­nages éton­nants du grand genre musi­cal, lit­téraire et théâ­tral que con­stitue l’opéra. Cet arti­cle ques­tionne leur nature, leur ambiva­lence, les façons dont ils influ­ent sur l’intrigue ou encore le mes­sage sym­bol­ique dont ils se font les mes­sagers. Présents dès les bal­bu­tiements de l’opéra dans l’Orfeo (1607) de Mon­tever­di, fable en musique com­posée à par­tir d’un livret d’Alessandro Strig­gio, berg­ers et bergères célèbrent tour à tour la nature et l’abondance, mêlant à leurs chants de bonnes paroles, présageant, presque tou­jours, le dénoue­ment de l’intrigue qui se joue autour d’eux. Pour­tant à l’opéra, même le plus petit rôle exige une atten­tion par­ti­c­ulière. D’une sim­ple ligne de texte à un aria ou réc­i­tatif, en quoi la fig­ure du berg­er est-elle si essen­tielle à l’opéra, à ce drame théâ­tral qui se fait jour sur scène ?
Citer
Ophélie Per­ri­er, « Voix de berg­ers, voix de bergères : réso­nances d’une fig­ure pas­torale dans les livrets d’opéra », dans Pagaille, n° 2, « Les per­son­nages de l’om­bre dans la lit­téra­ture et les arts », 2022, p. 85–93. Url : http://revue-pagaille.fr/2022–2‑perrier/



Feuilleter l’article