Résumé
À chaque étape des sept romans de la saga d’initiation Harry Potter, un personnage au statut ambigu intervient, ni vraiment fantôme, ni vraiment sorcier, parfois adjuvant, parfois opposant de l’«enfant-héros » : Peeves, l’esprit frappeur. Il y endosse des rôles et des fonctions multiples selon les situations rencontrées, et évolue au fur et à mesure du récit tout en conservant un « espace caractère » qui lui est propre. Quoique figure de l’entre-deux, émanation de l’espace liminal qu’est l’école de Poudlard, son « effet personnage » n’est pas à négliger, car il est aussi le bruyant héritier de nombreuses traditions littéraires. Or il n’est jamais représenté dans la série cinématographique correspondante, malgré des premières scènes ensuite coupées au montage. Quelles motivations à passer le poltergeist sous silence, et dans quelle mesure sa présence ou son absence détermine-t-elle les enjeux du récit, tant romanesque que filmique ? L’article se propose d’étudier le personnage perturbant et perturbateur qu’est Peeves dans l’économie de la saga, ainsi que sa non- représentation à l’écran. Tout à la fois référentiel, embrayeur et anaphore dans les romans, l’invisibilisation de ce ghost character d’un genre nouveau dans les huit films ne signifie pas pour autant sa disparition définitive – bien au contraire, peut-être..
Citer
Lise Moawad, « À l’ombre du poltergeist. Peeves, de personnage fantôme à ghost character dans la saga Harry Potter », dans Pagaille, n° 2, « Les personnages de l’ombre dans la littérature et les arts », 2022, p. 25–36. Url : http://revue-pagaille.fr/2022–2‑moawad/