Résumé
Les reclus, personnages de l’ombre par excellence, sont mis à l’honneur par l’écriture de William Faulkner (1897–1962), Flannery O’Connor (1925–1964) et Eudora Welty (1909–2001). Malgré leurs particularités respectives, Faulkner, O’Connor et Welty sont issus de la même région, un Sud hanté par son passé, sa violence et sa gloire fanée. O’Connor et Welty ont écrit et publié dans l’ombre du géant Faulkner. Elles façonnent des reclus parfois plus inattendus que chez leur prédécesseur, plaçant à l’orée du monde des jeunes femmes dans la fleur de l’âge, figures tragiques (et parfois comiques) de la réclusion, là où Faulkner joue d’archétypes plus traditionnels. Le traitement littéraire de personnages reclus recourt immanquablement à une forme d’obscénité, le narrateur mettant au- devant de la scène ceux qui, au regard de l’étymologie même du terme « obscène », sont censés en être exclus. Cet article s’efforce donc, par le biais d’une analyse stylistique, narratologique et contrastive, d’étudier la mise en lumière de figures archétypales intrinsèquement liées à l’ombre. Il s’agit d’analyser les procédés narratifs permettant de caractériser les reclus, et la manière dont le style des trois auteurs les révèle. Les reclus, bien que personnages principaux, évoluent à l’ombre de l’isolement et de la marginalité. Cette analyse s’attache donc à démontrer la puissance symbolique et textuelle des personnages de l’ombre, archétypes réécrits, revisités, et bien plus visibles qu’il n’y paraît.
Citer
Eva Gourdoux, « À l’ombre de la marge : les personnages reclus dans la littérature du Sud des États-Unis », dans Pagaille, n° 2, « Les personnages de l’ombre dans la littérature et les arts », 2022, p. 46–55. Url : http://revue-pagaille.fr/2022–2‑gourdoux/