Miruna Craciunescu, « De la violence naturelle à la nature des violences contemporaines. Considérations sur les présupposés théoriques des fictions catastrophistes » (n° 1 | 2021)

Résumé
Cet arti­cle inter­roge les pré­sup­posés théoriques d’un courant de la lit­téra­ture post-apoc­a­lyp­tique au sein duquel la dis­pari­tion des hominidés représente l’unique hori­zon d’attente vers lequel serait sus­cep­ti­ble de débouch­er l’évolution des sociétés actuelles. Il se réfère à ces œuvres comme à des « réc­its cat­a­strophistes à la vio­lence inéluctable » afin de met­tre l’accent sur le lien qui se tisse implicite­ment entre les deux fatal­ités que représen­tent d’une part l’accomplissement inévitable de la cat­a­stro­phe qui mar­querait la fin de l’Anthropocène et de l’autre, la bru­tal­ité inhérente des com­porte­ments humains. Son analyse s’appuie sur deux études de cas tirées de la lit­téra­ture con­tem­po­raine d’expression française, soit La pos­si­bil­ité d’une île de Michel Houelle­becq (2005) et Oscar de Pro­fundis de Cather­ine Mavrikakis (2016), dont la struc­ture nar­ra­tive témoigne d’un cer­tain nom­bre de car­ac­téris­tiques com­munes. Dans ces univers romanesques, la notion de sin­gu­lar­ité est prob­lé­ma­tique, dans la mesure où il n’existe pas véri­ta­ble­ment d’individus sus­cep­ti­bles d’échapper au des­tin de leur espèce ou de leur col­lec­tiv­ité. Le par­cours des pro­tag­o­nistes, aux­quels la richesse et la célébrité con­fèrent a pri­ori un statut excep­tion­nel, ne représente en fin de compte qu’une incar­na­tion pos­si­ble des obser­va­tions soci­ologiques et anthro­pologiques qui imprèg­nent forte­ment le dis­cours des nar­ra­teurs, et qui sont des­tinées à être por­teuses d’une vérité générale à pro­pos de la nature humaine.
Citer
Miruna Craci­unes­cu, « De la vio­lence naturelle à la nature des vio­lences con­tem­po­raines. Con­sid­éra­tions sur les pré­sup­posés théoriques des fic­tions cat­a­strophismes », dans Pagaille, n° 1, « Marâtre nature. Quand Gaïa con­tre-attaque », 2021, p. 57–66. Url : http://revue-pagaille.fr/2021–1‑craciunescu/



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