Virginie Berthebaud, « “La nature finira par se venger” : lectures croisées de Chen Yingsong, Gao Xingjian et Yan Lianke » (n° 1 | 2021)

Résumé
Cet arti­cle explore le développe­ment d’une lit­téra­ture envi­ron­nemen­tal­iste en Chine en s’intéressant à trois auteurs : Gao Xingjian, Yan Lianke et Chen Ying­song. L’accent sera mis sur les représen­ta­tions d’une nature vio­lente et puni­tive dans leurs œuvres, prin­ci­pale­ment liées à un imag­i­naire tra­di­tion­nel et spir­ituel. Nous ver­rons notam­ment com­ment les légen­des et les mythes pop­u­laires sont con­vo­qués pour présen­ter la nature dans ce qu’elle a de plus sauvage et menaçant, et com­ment l’imaginaire du châ­ti­ment divin appa­raît pour expli­quer des phénomènes incom­préhen­si­bles. Néan­moins, nous ver­rons que l’intérêt de ces œuvres ne réside pas dans un éventuel ren­verse­ment du rap­port de force entre homme et nature, mais plutôt dans la défor­ma­tion et l’utilisation par­ti­c­ulière­ment ironique de ces sources tra­di­tion­nelles. En effet, les trois écrivains à l’étude font appel à ce fonds tra­di­tion­nel soit pour dénon­cer son inadéqua­tion avec le monde mod­erne, soit pour en pro­pos­er une réécri­t­ure. Cer­taines représen­ta­tions religieuses ont ten­dance à pass­er sous silence la respon­s­abil­ité humaine et à ne pas éval­uer les ques­tions envi­ron­nemen­tales dans toute leur com­plex­ité. Au con­traire, nous ver­rons com­ment ces trois auteurs chi­nois refusent une vision sim­pliste et dual­iste des rela­tions entre l’homme et la nature, et ten­tent de con­stituer une lit­téra­ture con­sciente de la com­plex­ité du monde mod­erne en com­bi­nant références tra­di­tion­nelles, con­nais­sances sci­en­tifiques et cri­tique politique.
Citer
Vir­ginie Berthe­baud, « « La nature fini­ra par se venger » : lec­tures croisées de Chen Ying­song, Gao Xingjian et Yan Lianke », dans Pagaille, n° 1, « Marâtre nature. Quand Gaïa con­tre-attaque », 2021, p. 26–48. Url : http://revue-pagaille.fr/2021–1‑berthebaud/



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