
Résumé/Abstract
Le moment du repas occupe une place centrale pour les personnes touchées par l’anorexie mentale : au centre de leurs pensées, il est omniprésent, à la fois par sa présence, mais aussi et surtout par son absence. Avec l’anorexie, les personnes malades recréent des codes, des rituels et des comportements qui ne sont plus ceux d’un quotidien ordinaire, qui en diffèrent et qu’elles se réapproprient, mais qui entrainent généralement une incompréhension profonde de l’anorexie par l’entourage. Le fait de se nourrir n’étant plus une simple action du quotidien destinée à se restaurer, c’est une signification toute différente qui y est attachée. Les trois œuvres qui composent ce corpus renvoient à trois approches littéraires singulières pour dire l’expérience de l’anorexie : si Jours sans faim de Lou Delvig est une autofiction, La Petite Fille qui ne voulait pas grossir d’Isabelle Caro et Le Pavillon des enfants fous de Valérie Valère ont tous deux un statut plus particulier de témoignage autobiographique, bien que l’autrice de ce dernier ouvrage refuse la catégorisation d’œuvre littéraire. Chacune y raconte son expérience, de manière plus ou moins assumée, avec un style singulier et une visée qui lui est propre.
Mealtime holds a central place for people suffering of anorexia nervosa : at the center of their thoughts, it is omnipresent by its presence, but also and especially by its absence. In anorexia nervosa, patients recreate codes, rituals and behaviors that are no longer those of an ordinary life, that differ from it and that they reappropriate, which generally leads to a profound misunderstanding of anorexia by those around them. The three works in this corpus offer distinct literary approaches to expressing the experience of anorexia. While Jours sans faim by Lou Delvig is an autofiction, La Petite Fille qui ne voulait pas grossir by Isabelle Caro and Le Pavillon des enfants fous by Valérie Valère hold a more particular status as autobiographical testimonies, although Valérie Valère explicitly rejects the classification of her book as a literary work. Each of these authors recounts their experience with differing degrees of personal engagement, with a unique style and a purpose specific to each work.
Citer
Mélanie Boyer, « Codes, rituels et conflits : le repas dans le témoignage du trouble de l’alimentation (Delphine de Vigan, Valérie Valère et Isabelle Caro) », dans Pagaille, n°4, « À la table des émotions: manger dans la littérature et les arts », 2025, p. 74–85. Url : https://revue-pagaille.fr/2025–4‑boyer/