Mélanie Boyer, « Codes, rituels et conflits : le repas dans le témoignage du trouble de l’alimentation (Delphine de Vigan, Valérie Valère et Isabelle Caro) » (n° 4 | 2025)

Résumé/Abstract

Le moment du repas occupe une place cen­trale pour les per­son­nes touchées par l’anorexie men­tale : au cen­tre de leurs pen­sées, il est omniprésent, à la fois par sa présence, mais aus­si et surtout par son absence. Avec l’anorex­ie, les per­son­nes malades recréent des codes, des rit­uels et des com­porte­ments qui ne sont plus ceux d’un quo­ti­di­en ordi­naire, qui en dif­fèrent et qu’elles se réap­pro­prient, mais qui entrainent générale­ment une incom­préhen­sion pro­fonde de l’anorexie par l’entourage. Le fait de se nour­rir n’étant plus une sim­ple action du quo­ti­di­en des­tinée à se restau­r­er, c’est une sig­ni­fi­ca­tion toute dif­férente qui y est attachée. Les trois œuvres qui com­posent ce cor­pus ren­voient à trois approches lit­téraires sin­gulières pour dire l’expérience de l’anorexie : si Jours sans faim de Lou Delvig est une aut­ofic­tion, La Petite Fille qui ne voulait pas grossir d’Isabelle Caro et Le Pavil­lon des enfants fous de Valérie Valère ont tous deux un statut plus par­ti­c­uli­er de témoignage auto­bi­ographique, bien que l’autrice de ce dernier ouvrage refuse la caté­gori­sa­tion d’œuvre lit­téraire. Cha­cune y racon­te son expéri­ence, de manière plus ou moins assumée, avec un style sin­guli­er et une visée qui lui est propre.


Meal­time holds a cen­tral place for peo­ple suf­fer­ing of anorex­ia ner­vosa : at the cen­ter of their thoughts, it is omnipresent by its pres­ence, but also and espe­cial­ly by its absence. In anorex­ia ner­vosa, patients recre­ate codes, rit­u­als and behav­iors that are no longer those of an ordi­nary life, that dif­fer from it and that they reap­pro­pri­ate, which gen­er­al­ly leads to a pro­found mis­un­der­stand­ing of anorex­ia by those around them. The three works in this cor­pus offer dis­tinct lit­er­ary approach­es to express­ing the expe­ri­ence of anorex­ia. While Jours sans faim by Lou Delvig is an aut­ofic­tion, La Petite Fille qui ne voulait pas grossir by Isabelle Caro and Le Pavil­lon des enfants fous by Valérie Valère hold a more par­tic­u­lar sta­tus as auto­bi­o­graph­i­cal tes­ti­monies, although Valérie Valère explic­it­ly rejects the clas­si­fi­ca­tion of her book as a lit­er­ary work. Each of these authors recounts their expe­ri­ence with dif­fer­ing degrees of per­son­al engage­ment, with a unique style and a pur­pose spe­cif­ic to each work. 
Citer
Mélanie Boy­er, « Codes, rit­uels et con­flits : le repas dans le témoignage du trou­ble de l’al­i­men­ta­tion (Del­phine de Vigan, Valérie Valère et Isabelle Caro) », dans Pagaille, n°4, « À la table des émo­tions: manger dans la lit­téra­ture et les arts », 2025, p. 74–85. Url : https://revue-pagaille.fr/2025–4‑boyer/

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