Résumé
Cet article explore le développement d’une littérature environnementaliste en Chine en s’intéressant à trois auteurs : Gao Xingjian, Yan Lianke et Chen Yingsong. L’accent sera mis sur les représentations d’une nature violente et punitive dans leurs œuvres, principalement liées à un imaginaire traditionnel et spirituel. Nous verrons notamment comment les légendes et les mythes populaires sont convoqués pour présenter la nature dans ce qu’elle a de plus sauvage et menaçant, et comment l’imaginaire du châtiment divin apparaît pour expliquer des phénomènes incompréhensibles. Néanmoins, nous verrons que l’intérêt de ces œuvres ne réside pas dans un éventuel renversement du rapport de force entre homme et nature, mais plutôt dans la déformation et l’utilisation particulièrement ironique de ces sources traditionnelles. En effet, les trois écrivains à l’étude font appel à ce fonds traditionnel soit pour dénoncer son inadéquation avec le monde moderne, soit pour en proposer une réécriture. Certaines représentations religieuses ont tendance à passer sous silence la responsabilité humaine et à ne pas évaluer les questions environnementales dans toute leur complexité. Au contraire, nous verrons comment ces trois auteurs chinois refusent une vision simpliste et dualiste des relations entre l’homme et la nature, et tentent de constituer une littérature consciente de la complexité du monde moderne en combinant références traditionnelles, connaissances scientifiques et critique politique.
Citer
Virginie Berthebaud, « « La nature finira par se venger » : lectures croisées de Chen Yingsong, Gao Xingjian et Yan Lianke », dans Pagaille, n° 1, « Marâtre nature. Quand Gaïa contre-attaque », 2021, p. 26–48. Url : http://revue-pagaille.fr/2021–1‑berthebaud/